Placebo, airs de fête (mars-avril 2004)
Il y a des moments dans la vie qui comptent. Et faire face à la représentation vivante du Frodon de Tolkien - look inauguré depuis la sortie du dernier album du groupe, "Sleeping With Ghosts", en mars dernier - en la personne de Brian Molko, au bassiste géant Stefan Olsdal et au batteur chevelu Steve Hewitt, le tout formant le groupe le plus plébiscité par les français, alias Placebo, est de ces moments. Le Live In Paris, leur DVD à paraître le 16 mars, témoigne en effet de ce rapport unique qu'entretient le groupe avec le public français. Une relation qui a également trouvé son épanouissement côté groupe, avec un Brian Molko moins fardé et qui, à l'aube de ses 30 ans, et au sortir d'une dépression qui le hantait depuis de nombreuses années, semble enfin trouver plaisir et épanouissement sur scène.
Cela méritait bien quelques éclaircissements.
Compte rendu d'une rencontre intimidante, délirante, charmante et francophile.
-Vous sortez aujourd'hui un DVD live intitulé Live in Paris. Que représente exactement le public français pour Placebo ?
Brian Molko : Nous entretenons une relation extrême, passionnée, le public nous accueille « à bras ouverts » (NDLR : prononcé en français) depuis le premier jour. Désormais, venir ici, c'est comme rentrer à la maison. Pour nous, la France représente l'endroit où tout jaillit, celui où on prend notre pied. (rires)
-Vous avez joué sur cette tournée avec Franck Black. Quelles ont été vos impressions ?
Stefan Olsdan : Je suis fan depuis des lustres et je joue "Where Is My Mind" depuis des lustres aussi. D'avoir Franck Black sur scène avec nous, jouant avec nous, c'était comme...
BM : Une revendication ! Et puis, avec la reformation des Pixies et comme il y a des chances que nous nous retrouvions sur les mêmes festivals, nous n'aurons plus guère l'occasion de jouer cette chanson en concert. Nous n'allons tout de même pas reprendre les Pixies après les Pixies !
-Pourquoi avoir sorti une version en français de "Protect Me from What I Want" ?
BM : C'est une valse, ce morceau. Il y avait donc cette ambiance un peu continentale, viennoise, un peu européenne. Et les français que je connais à Londres trouvaient que ça sonnait Français. Donc, c'était un truc franco-allemand. Mais on n'a pas fait de version teutonne. Quelques fois, quand je la chante, je me sens comme Edith Piaf. (Et Brian Molko d'imiter Edith Piaf)
-Pourquoi avoir choisi de faire traduire ce titre par Virginie Despentes, auteur, entre autres, de "Baise-Moi", un livre et un film qui ont fait couler beaucoup d'encre en France ?
BM : Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années par le biais d'amis communs et nous nous apprécions. C'est une artiste très trash, et c'est souvent ce que font ressortir les médias, mais on oublie parfois que c'est aussi un excellent écrivain. Pour nous, Virginie était la personne toute désignée. Elle n'avait jamais fait cela auparavant et, pour elle, c' était un défi. Mais quand on va en studio, autant le faire avec quelqu'un avec qui on s'entend bien.
-Le parfum de scandale autour de Virginie Despentes vous attire ?
BM : En dépit de son image de lesbienne punk militante, c'est quelqu'un d'extrêmement posé. Mais, bien sûr, pour nous c'est aussi excitant de travailler avec une artiste par qui le scandale arrive, qui pousse les médias dans leurs retranchements, qui créé la controverse.
-Cela intervient néanmoins à un moment où votre image semble s'être assagie.
BM : Nous n'allons pas remettre le même discours sur la bisexualité, l'androgénie, etc. Mais je ne pense pas que cela signifie que nous nous sommes adoucis pour autant.
Steve Hewitt : Nous expérimentons juste des choses différentes.
-En France, en ce moment, on assiste à un retour en force du rock au point que tout le monde en fait, même Patricia Kaas. Que pensez-vous du fait que l'image du rock soit ainsi galvaudée ?
SH : Tout ça c'est devenu une question d'attitude, de look. Tu veux faire punk, tu colles des chaussettes rayées à un groupe. Mais ça n'a tellement rien à voir avec ce que la musique est censée être.
SO : Le problème, c'est qu'aujourd'hui les stylistes font la loi.
BM : Il y a aussi cette mode, ces Américains qui sont censés faire du rock. Ces types avec leurs cheveux longs et leurs tatouages qui jouent des trucs incroyablement mous. Ca me surprend.
-Après la guerre en Afghanistan, vous aviez déclaré avoir pensé rendre votre passeport américain. Aujourd'hui, vous venez de jouer aux Etats-Unis. Comment avez-vous vécu ces concerts ?
SH : En fait, quand nous avons joué là-bas, George Bush était en Angleterre et c'est surtout la "Michael Jackson army" qui se battait dans les rues. En ce moment, on assiste à une véritable chasse aux sorcières.
BM: C'est un peu la même chose que l'affaire Clinton. Il suffit de comparer : Bill Clinton a été décrédibilisé parce qu'on lui a taillé une pipe, tandis que George Bush a menti à tout le pays en envoyant des gosses se faire tuer pour du pétrole. Bush a drapé d'un impératif moral ce qui n' était qu'une vaste fumisterie. Il semble donc que ces jours-ci, aux Etats-Unis, la pipe personnifie le Mal et le mensonge, le bien. Morale de l' histoire : tu reçois une médaille pour avoir menti et tu perds ton boulot pour avoir baisé ! Sinon, les concerts étaient supers.
-Votre dernière prestation en France aura lieu à Bercy, à l'occasion du concert radio-télé MTV-Europe 2. Vous y retrouverez Indochine.
BM : Vers 1998-1999, au début de leur incroyable come-back, ils assuraient notre première partie. Je me souvenais alors de "L'aventurier" que j'écoutais quand j'avais neuf ans. C'était vraiment étrange de penser qu 'un groupe que j'écoutais quand j'étais petit faisait notre première partie ! Depuis, nous sommes restés amis. Nous avons pas mal de fans en communs, mais je dois dire que nous avons bien meilleur aspect qu'eux.
-Ce sera dit et répété.
BM : On se taquine tout le temps à ce sujet. (NDLR : prononcé en
français)
-Quels sont vos projets après les dates de concerts ?
BM : On ne sait pas encore, maintenant ça commence à nous démanger d'écrire de nouvelles chansons. On pourrait faire un disque disco avec de la country.
SH : Un peu de reggae non, tu crois pas ?
BM : Ouais, un disque country, disco, reggae. ce sera pas mal.
SO : On aurait bien fait un truc spécial pour Georges Bush mais on risquerait de devoir faire des excuses comme l'a fait la BBC.
La porte se referme sur un nouveau mythe. Dans deux jours, ils seront sur scène, le 14 février, à Bercy, pour Europe 2 et MTV. Quelques morceaux et des vagues d'énergies échangés avant le grand silence. Vivement la sortie du DVD.
Cela méritait bien quelques éclaircissements.
Compte rendu d'une rencontre intimidante, délirante, charmante et francophile.
-Vous sortez aujourd'hui un DVD live intitulé Live in Paris. Que représente exactement le public français pour Placebo ?
Brian Molko : Nous entretenons une relation extrême, passionnée, le public nous accueille « à bras ouverts » (NDLR : prononcé en français) depuis le premier jour. Désormais, venir ici, c'est comme rentrer à la maison. Pour nous, la France représente l'endroit où tout jaillit, celui où on prend notre pied. (rires)
-Vous avez joué sur cette tournée avec Franck Black. Quelles ont été vos impressions ?
Stefan Olsdan : Je suis fan depuis des lustres et je joue "Where Is My Mind" depuis des lustres aussi. D'avoir Franck Black sur scène avec nous, jouant avec nous, c'était comme...
BM : Une revendication ! Et puis, avec la reformation des Pixies et comme il y a des chances que nous nous retrouvions sur les mêmes festivals, nous n'aurons plus guère l'occasion de jouer cette chanson en concert. Nous n'allons tout de même pas reprendre les Pixies après les Pixies !
-Pourquoi avoir sorti une version en français de "Protect Me from What I Want" ?
BM : C'est une valse, ce morceau. Il y avait donc cette ambiance un peu continentale, viennoise, un peu européenne. Et les français que je connais à Londres trouvaient que ça sonnait Français. Donc, c'était un truc franco-allemand. Mais on n'a pas fait de version teutonne. Quelques fois, quand je la chante, je me sens comme Edith Piaf. (Et Brian Molko d'imiter Edith Piaf)
-Pourquoi avoir choisi de faire traduire ce titre par Virginie Despentes, auteur, entre autres, de "Baise-Moi", un livre et un film qui ont fait couler beaucoup d'encre en France ?
BM : Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années par le biais d'amis communs et nous nous apprécions. C'est une artiste très trash, et c'est souvent ce que font ressortir les médias, mais on oublie parfois que c'est aussi un excellent écrivain. Pour nous, Virginie était la personne toute désignée. Elle n'avait jamais fait cela auparavant et, pour elle, c' était un défi. Mais quand on va en studio, autant le faire avec quelqu'un avec qui on s'entend bien.
-Le parfum de scandale autour de Virginie Despentes vous attire ?
BM : En dépit de son image de lesbienne punk militante, c'est quelqu'un d'extrêmement posé. Mais, bien sûr, pour nous c'est aussi excitant de travailler avec une artiste par qui le scandale arrive, qui pousse les médias dans leurs retranchements, qui créé la controverse.
-Cela intervient néanmoins à un moment où votre image semble s'être assagie.
BM : Nous n'allons pas remettre le même discours sur la bisexualité, l'androgénie, etc. Mais je ne pense pas que cela signifie que nous nous sommes adoucis pour autant.
Steve Hewitt : Nous expérimentons juste des choses différentes.
-En France, en ce moment, on assiste à un retour en force du rock au point que tout le monde en fait, même Patricia Kaas. Que pensez-vous du fait que l'image du rock soit ainsi galvaudée ?
SH : Tout ça c'est devenu une question d'attitude, de look. Tu veux faire punk, tu colles des chaussettes rayées à un groupe. Mais ça n'a tellement rien à voir avec ce que la musique est censée être.
SO : Le problème, c'est qu'aujourd'hui les stylistes font la loi.
BM : Il y a aussi cette mode, ces Américains qui sont censés faire du rock. Ces types avec leurs cheveux longs et leurs tatouages qui jouent des trucs incroyablement mous. Ca me surprend.
-Après la guerre en Afghanistan, vous aviez déclaré avoir pensé rendre votre passeport américain. Aujourd'hui, vous venez de jouer aux Etats-Unis. Comment avez-vous vécu ces concerts ?
SH : En fait, quand nous avons joué là-bas, George Bush était en Angleterre et c'est surtout la "Michael Jackson army" qui se battait dans les rues. En ce moment, on assiste à une véritable chasse aux sorcières.
BM: C'est un peu la même chose que l'affaire Clinton. Il suffit de comparer : Bill Clinton a été décrédibilisé parce qu'on lui a taillé une pipe, tandis que George Bush a menti à tout le pays en envoyant des gosses se faire tuer pour du pétrole. Bush a drapé d'un impératif moral ce qui n' était qu'une vaste fumisterie. Il semble donc que ces jours-ci, aux Etats-Unis, la pipe personnifie le Mal et le mensonge, le bien. Morale de l' histoire : tu reçois une médaille pour avoir menti et tu perds ton boulot pour avoir baisé ! Sinon, les concerts étaient supers.
-Votre dernière prestation en France aura lieu à Bercy, à l'occasion du concert radio-télé MTV-Europe 2. Vous y retrouverez Indochine.
BM : Vers 1998-1999, au début de leur incroyable come-back, ils assuraient notre première partie. Je me souvenais alors de "L'aventurier" que j'écoutais quand j'avais neuf ans. C'était vraiment étrange de penser qu 'un groupe que j'écoutais quand j'étais petit faisait notre première partie ! Depuis, nous sommes restés amis. Nous avons pas mal de fans en communs, mais je dois dire que nous avons bien meilleur aspect qu'eux.
-Ce sera dit et répété.
BM : On se taquine tout le temps à ce sujet. (NDLR : prononcé en
français)
-Quels sont vos projets après les dates de concerts ?
BM : On ne sait pas encore, maintenant ça commence à nous démanger d'écrire de nouvelles chansons. On pourrait faire un disque disco avec de la country.
SH : Un peu de reggae non, tu crois pas ?
BM : Ouais, un disque country, disco, reggae. ce sera pas mal.
SO : On aurait bien fait un truc spécial pour Georges Bush mais on risquerait de devoir faire des excuses comme l'a fait la BBC.
La porte se referme sur un nouveau mythe. Dans deux jours, ils seront sur scène, le 14 février, à Bercy, pour Europe 2 et MTV. Quelques morceaux et des vagues d'énergies échangés avant le grand silence. Vivement la sortie du DVD.