Let's sleep with ghosts, l'Olympia

Sauvage, brûlant, moderne et électrique comme une gifle du temps, le groupe a plus de chien en 2003 qu'un régiment d'entraîneuses et continue de penser que si les guitares doivent hurler, cela ne dispense pas de réfléchir aux accords.

Deux hommes-machines (clavier discret et basse sulfatée) restés dans l'ombre et l'anonymat, donnent du relief aux imparables de "Sleeping With Ghosts" ("Protect Me From What I Want", "Plasticine"), tandis que les roto-lights déchaînés lèchent les cheveux corbeau, le Kôhl contour des yeux puis finalement les petites pédales, éparpillées à même le sol. Comme chez les punks, le public, jeune, chante tout (les tubes, normal, et les extraits du nouvel album, pas sortis au moment des faits…).

On sourit en songeant qu'aux dernières nouvelles, c'est l'âge des victimes de Placebo, apparemment consentantes, qui fait jaser. Pour autant qu'on s'en souvienne, Presley, les Beatles, les Pistols et Nirvana (pour ne citer que les morts) plaisaient aussi aux gamins, non ? Au bar, dès la moitié du show, les moralisateurs à gueule fourbe enfoncés dans leurs rides, refaisaient le monde du rock sans foi ni personne. Sur les planches, Placebo continuait d'incendier en musique, et on priera plus tard, en rentrant et à leur santé (un gobelet de thé tiède levé au-dessus du volant), que le vent de la mer nous protège encore longtemps des émanations de la bêtise humaine.

Auteur : Jérôme Soligny



Let's sleep with ghosts, l'Olympia
Type
Article de presse
Date de parution
Juin 2003
Source
Rock & Folk n°429, juin 2003
Mise en ligne
22 septembre 2004
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