Interview de Stefan Olsdal et de Steve Forrest concernant le nouvel opus "
Battle For The Sun".
Placebo parle à I Like MusicFormé à Londres en 1994, Placebo a maintenant terminé l'enregistrement de son sixième album Battle For The Sun. Le groupe est actuellement composé de Brian Molko, Stefan Olsdal et Steve Forrest. Avec un catalogue constitué de cinq albums studio, six EPs et vingt-sept singles, ils ont rassemblé une solide base de fans dans le monde entier.
I Like Music a rencontré Stefan Olsdal et le nouveau membre du groupe Steve Forrest pour discuter de leur sixième album, des difficultés auxquelles ils ont été confrontés avant que Steve rejoigne le groupe et l'effet que les médias numériques a eu à la fois sur Placebo et sur l'industrie de la musique dans son ensemble .
"J'aime la musique car... elle te permet d'être tout ce que tu n'es pas censé être."
STEVE FORREST, PLACEBO
"J'aime la musique car... grâce à elle ma vie vaut la peine d'être vécue."
STEFAN OLSDAL, PLACEBOILM: Où se situe Battle For The Sun dans le parcours de Placebo jusqu'à maintant?Stefan: L'album a été entièrement auto financée. Notre contrat a pris fin avec EMI avec Meds, le dernier album. Nous l'avons enregistré en Amérique du Nord, c'est la première fois que nous avons enregistré un album en dehors de l'Europe. Tous ces facteurs ont contribué à un sentiment de «tout est possible», je pense. Nous avons tendance à faire des albums en réaction à notre album précédent. Alors Meds n'est pas un mauvais album, tu vois, mais il est très sombre. Ca parle vraiment de l'auto médication. C'était le début d'un groupe qui commençait à être malade. C'était un groupe qui n'était pas en bonne santé. Les sessions d'enregistrement de Meds et la tournée ont vu la fin de Placebo Chapitre Deux.
ILM: Quand avez-vous pris conscience de cela?Stefan: Brian et moi nous sommes retrouvés à la fin de la tournée Meds et on s'est dit: "Écoute. Ce groupe est en mauvaise posture pour parvenir à faire de plus belles choses, pour devenir un meilleur groupe." Donc ouais, les choix et les décisions ont été prises au cours des deux dernières années et je pense que Battle For the Sun est comme la naissance d'un nouveau groupe en quelque sorte. L'album est plus lumineux, avec plus d'espoir et d'optimisme. Placebo a subit de réels changements au cours des deux dernières années. Le plus évident est Steve Forrest notre nouveau membre! Il est comme un petit frère tu vois!
ILM: Alors Battle For The Sun marque le début d'un nouveau chapitre?Stefan: Oui. L'avenir semble beaucoup plus radieux aujourd'hui qu'autrefois. Je ne me réveille plus paniqué. Je me réveille heureux de venir au travail et voir les garçons, alors qu'avant il s'agissait d'une expérience traumatisante.
ILM: Ces changements ont-ils affecté la manière dont Placebo fait de la musique?Stefan: Absolument. Je pense que nous avons trouvé une complicité créative. On était dans une situation où on pouvait entrer dans la salle de répétition sans qu'il y ait de tension. Brian et moi étions habitués à entrer dans un studio à l'atmosphère tendue pendant si longtemps. Il y avait un sentiment de liberté.
ILM: Battle For The Sun utilise à la fois des cordes et des cuivres. Comment allez-vous intégrer ces éléments sur scène? A quoi pouvons-nous nous attendre en venant voir Placebo cet été?Stefan: Quand le groupe a commencé en 1996, on était trois. Maintenant, on est six sur scène. Donc, en gros nous avons doublé de taille! Lorsque nous sommes dans le studio d'enregistrement, on ne pense pas à comment on va faire pour jouer les chansons sur scène. On enregistre des chansons. On ne se donne pas de limite, tu vois? C'est sur Meds que nous avons commencé à utiliser des cordes. Nous avons décidé de poursuivre dans cette voie avec Battle For The Sun, plus l'ajout de cors. Nous avons tendance à nous compliquer la vie avec chaque album! Ca nous a conduit à avoir six personnes sur scène. C'est un nouveau line-up pour Placebo. Un batteur, un nouveau guitariste, une violoniste, et la partie cordes. Ce que vous entendez sur le disque sonne à peu près comment ça en live. Il n'y a pas de cordes cachées ou quoi que ce soit! Je veux dire, on peut dire que c'est peut-être plus épique en live!
Steve: Personne n'appuie sur des boutons derrière le rideau. C'est plein d'énergie et très puissant. C'est comme ça que nous avons écrit ces chansons.
ILM: En plus de vos propres dates de la tournée, vous êtes à l'affiche de beaucoup de festivals, y compris Reading et Leeds. Qu'attendez-vous avec impatience dans le fait de jouer dans un festival?Stefan: Le truc à retenir à propos des festivals c'est que les groupes n'ont aucun contrôle! Donc, en gros vous montez sur scène sans faire de balances et vous délivrer une bande son pour des gens ivres qui pique-niquent. Les gens sont là pour passer un bon moment. C'est un week-end, tu sais, il y a des distractions. Tu peux aller acheter un t-shirt bariolé, monter sur une grande roue, hahah, mais c'est génial. Tu dois y aller sans faire de manières. Tu y vas et avec un peu de chance tu attires quelques nouveaux fans. Les groupes ont tendance à tout simplement jouer le plus grand nombre de singles possible pour attirer l'attention des gens, la plupart des gens sont juste bourrés!
Steve: C'est aussi un excellent moyen de faire connaissance avec des gens merveilleux, d'autres groupes et d'autres musiciens que tu respectes. Parfois, tu te retrouves sur la même affiche. Alors, tout au long de l'été, c'est comme être les uns avec les autres dans un petit village qui se déplace. Un camp d'été dédié à la musique!
ILM: Ca l'air génial. Quels conseils donneriez-vous à tous ceux qui voudrait suivre vos traces?Stefan: Ne pas suivre le mouvement est le plus cool que tu puisses être.
Steve: N'allez pas imaginer que c'est facile d'ailleurs ...
Stefan: Si tu suis une tendance, cette tendance sera dépassée une fois ton album sorti. En gros, on fait nos albums sans penser à ceux pour qui on fait nos albums. On fait nos albums pour nous-mêmes. Si tu fais quelque chose de personnel, il y aura une émotion sincère. Je pense que les gens se rendent compte très rapidement quand quelqu'un ment. Faire de la musique est très personnel. Sur les six derniers albums que nous avons fait, on a vraiment exprimé ce qui se passait dans nos vies. Je pense que c'est le meilleur conseil pour tout musicien en herbe. Votre vérité vaut celle de n'importe qui.
ILM: La vidéo de For What It's Worth est fantastique ...Stefan: Tu l'as vu? Ca fait seulement six heures qu'elle est sortie ! Oui! Il s'agit d'une performance vidéo. Nous avons voulu présenter le nouveau groupe. Nous avons également travaillé avec un réalisateur avec lequel nous avons fait pas mal de vidéos. Howard Greenhalgh. Il a fait Special K, The Bitter End et Nancy Boy. Alors il connaît notre sens de l'humour tordu et le coté pevers de ce que nous faisons. En plus il a un rapport plutôt sain avec le côté sombre .... hahaha
ILM: Quelle musique avez-vous écouté récemment?Stefan: J'écoutais le dernier album des Franz Ferdinand la nuit dernière et j'ai été agréablement surpris. D'habitude j'ai tendance à me détourner de tout ce qui est vraiment populaire. Je l'ai mis et j'étais genre "Wow, c'est excitant!" J'ai froncé les sourcils! Il ya beaucoup de claviers dessus!
Steve: Je me suis plongé dans un stock de vieux albums que je n'ai pas écouté depuis des années, comme mes vieux albums de Death Cab For Cutie et Explosions In The Sky, un de mes groupes préférés de tous les temps, les anciens albums de Mogwai et je suis même revenu aux trucs du début des années 90 de Green Day. Grâce à Spotify! Ou Jimmy Eat World, Clarity. Je pense que c'est un album vraiment très très agréable.
Stefan: Oh mon dieu, Clarity! Ouais ...
Steve: Sortir le garçon de Californie et tout ça ... haha! J'ai été en contact avec tous ces trucs. Plus l'album d'Animal Collective. Vous l'avez écoutez ! Mon dieu il est incroyablement bien!
Stefan: Il est un peu space ...
Steve: Et bien duh! Ouais, mais c'est l'album le plus accessible depuis.. et bien... des lustres...!
ILM: Et les concerts? Parmi tous les concerts que vous avez vu, quels sont ceux que vous n'oublierez jamais?Steve: Sigur Ros. Hollywood Bowl. C'était incroyable. J'ai pleuré. Foutrement incroyable.
Stefan: Quand on s'est retrouvé la première fois nous sommes allés voir Explosions In The Sky à l'Astoria à Londres, qui se dégrade de plus en plus, ce qui me contrarie. Mais nous sommes allé voir ça. C'était juste une symphonie électronique.
Steve: C'était vraiment superbe.
Stefan: La dynamique qu'ils ont créée étaient grandiose.
Steve: Oui, le lendemain, lorsque nous sommes arrivés au studio, nous avions tellement d'idées! C'etait comme, "Essayons ça, ceci et cela!"
Stefan: Nous avons vu ensemble Bjork aussi. Avec Antony Hegarty.
Steve: C'était génial aussi. Et TV on the radio.
Stefan: Le truc avec ce concert au Hammersmith Apollo c'est que ça puait les odeurs corporelles, parce que les gens ne pouvaient pas fumer. Ca tend à masquer l'odeur. J'étais genre "Steve, c'est toi?"
ILM: Mais c'était juste tout le monde....Steve: Ouais, hahahah! On sentait l'odeur tout le monde.
ILM: Vous mentionnez le fait que la dégradation de l'Astoria vous attriste et aussi la manière dont un service de musique comme Spotify vous a permis d'accéder à tant de musique. Il y a un véritable débat en cours sur l'industrie de la musique en ligne, l'effet qu'elle a eu sur les labels et les artistes. Il s'agit d'une véritable histoire d'amour et de haine. Quelle est votre opinion sur l'état actuel de l'industrie de la musique?Stefan: Voilà ce que je pense de Spotify. Les gars qui ont fondé Pirate Bay ont été mis en prison, pour avoir aidé à partager du matériel sous copyright. Il y a donc eu une nouvelle loi. Enfin. Ca a pris un temps fou à l'industrie du disque, dix ans, pour trouver un moyen de mettre un frein à ces sites.
Steve: Mais le mal est fait ...
Stefan: Spotify est une bonne alternative pour que les gens écoutent de la musique et payent heureusement 10 £ par mois pour écouter en illimité, pour empêcher les gens de télécharger illégalement. Je dois regarder ces choses avec positivisme. On sort encore des albums, mais en vérité, je ne compte pas sur les albums pour garder un toit au-dessus de ma tête. C'est un de ces domaines dans lequel on doit travailler autour de la technologie. Un grand nombre d'adolescents ces jours-ci ne se soucient pas de l'objet physique. C'est un fait. Il y a encore de la colère en moi parce que les gens semblent penser que les musiciens travaillent gratuitement. Tu sais, que le fait d'aller dans un studio, embaucher un producteur, embaucher un ingénieur et enregistrer ces chansons est gratuit. Ca ne l'est pas. Il va arriver un moment où les concerts vont devenir plus chers. Et c'est seulement parce que les musiciens ne peuvent pas faire de l'argent autrement.
ILM: Donc, vous considérer ce qui est arrivé aux gars de Pirate Bay comme une chose positive?Stefan: Oh oui, j'applaudis le fait que les gens de Pirate Bay ont été mis en prison. Les suédois comme moi. Mais bon. Il était temps. Internet c'est comme le Far West. C'est vraiment difficile de mettre des règles en place et de le contrôler. Je me répéte là, mais je veux que les gens sachent que les musiciens ne travaillent pas gratuitement. Un boucher, par exemple, est payé.
ILM: Juste parce que que certaines carrières bénéficient de divers degrés de reconnaissance par le public ne signifient pas que vous ne méritez d'être payé pour travailler...Steve: Absolument. C'est un travail comme un autre. Nous travaillons dur. L'argent et le temps sont importants pour nous.
Stefan: C'est très très difficile pour les nouveaux groupes de vivre de ce qu'ils font. L'industrie du disque dans son ensemble est en souffrance. Ils signent des artistes, et signent dans une telle mesure qu'en gros l'artiste abandonne sa maison, ses enfants, ils doivent tout abandonner pour qu'un label les signe, ce qui est aussi étouffant.
ILM: Mettre des limites sur un processus de création .....Steve: Ouais, donc les prochains Radiohead se voit fermer les portes juste avant de commencer parce que les labels ne sont pas derrière eux où ne peuvent pas les financer ...
Stefan: Tu sais, dans le milieu des années quatre-vingt-dix les maisons de disques surfaient sur le marché boursier. C'est là que nous avons cessé d'être gérés par des amoureux de la musique et qu'on a commencé à être géré par des comptables et des avocats. Dans les années 70 ou 80, Kate Bush a été signé sans album, et ils lui ont permis d'évoluer et d'être entretenue. Regarde l'incroyable carrière qu'elle a eut, tu vois ? Ca n'arrive plus. Le capitalisme est, apparemment, le résultat de la liberté personnelle. Si tu travailles dur et que tu te bats tu peux t'en sortir. Tu sais, naître pauvre et mourir roi. Et c'est bien. Mais par certains aspects, en particulier quand il s'agit de notre industrie, c'est de plus en plus du business et et de plus en plus difficile, surtout pour les nouveaux artistes. Placebo, tu vois, nous sommes chanceux. Nous sommes arrivés au milieu des années quatre-vingt-dix. L'âge d'or du CD. Signé par un label qui possède les Spice Girls. Qui ont rapporté beaucoup d'argent ce qui nous a aidé pour nos contrat smarketing et d'autres trucs ...
ILM: Personne n'a essayé de vous convaincre de collaborer alors ...Stefan: Haha! Non, non! Nous avons échappé à ça! Haha!
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